Monday, March 23, 2009

Benoît XVI : les capotes sont cuites


Ils commencent sérieusement à me les briser, avec leurs capotes. Et l’opération prend un certain temps. A peu près le temps de tuer un âne à coups de figues molles. C’est dire depuis combien de temps ils me les brisent. Vous le savez déjà, le Pape a déclaré, dans l’avion qui l’amenait à Yaoundé, que l’on ne règle pas le problème du SIDA avec une distribution de préservatif et qu’au contraire, elle aggraverait même le problème.

Aussi sûr que mon genou se lève quand on tape dessus au marteau (enfin, le petit), les réactions se déroulent selon un scénario établi à l’avance. Tous ceux pour qui la distribution de capotes est un signe de ralliement et l’assurance d’une bonne conscience, ceux qui voient un acte militant dans le fait de caser une capote sous la selle d’un Velib’, de vous en refiler un à l’entrée d’une boîte, de vous en coller à côté de votre verre, qui, dès qu’ils voient un jeune sortent une capote pour remédier à ses angoisses existentielles, tous ceux là embrayent car, eux, voyez-vous, sont légitimes, sur le sujet : ils ont filé des capotes. C’est un peu le même truc qui permet à Christophe Dechavanne de clore ses émissions sur un paternel “sortez couverts“, signe de connivence entre queutards, oui, mais queutards responsables.

La capote, dogme laïco-sociétal

La distribution de capotes introduit ces gens dans la bonne société. Ils ont combattu l’épidémie de SIDA. Ils sont donc légitimes sur le sujet. Ce n’est pas qu’ils aient pris le temps d’y réfléchir, c’est juste que ça les dispense de penser, puisque c’est du domaine du bien. Et, dans le même temps, ça leur permet d’affirmer des conneries avec assurance. Contester la panacée préservative, c’est rien qu’un crime contre l’humanité1. Adolf, Slobodan, Joseph, Bagosora, Pol Pot, Jean-Paul II, Benoît XVI, même combat. N’allez pas dire ça à un juif, un bosniaque, un koulak, un tutsi ou un cambodgien. Ou alors, si vous le faites, dîtes que c’est au nom de la capote. Puisque ça dispense de penser. En tout cas aux yeux du monde, du monde occidental.

C’est notamment cette assurance de légitimité qui permet à un Jean-Luc Romero d’affirmer sans rire : “Faudrait-il (…) rappeler [à Benoît XVI] que le seul vaccin disponible reste aujourd’hui le préservatif ?”. Le préservatif assimilé à un vaccin, voilà assurément un propos responsable qui permet à des gens comme lui de pontifier sur le sujet et de renvoyer Benoît XVI à l’obscurantisme. La ministre belge de la Santé - dont on s’est soudain sentis obligés de solliciter l’avis - se ditconsternée, affirmant que “ses déclarations pourraient anéantir des années de prévention et de sensibilisation et mettre en danger de nombreuses vies humaines”. Daniel Cohn-Bendit voit dans sa déclaration “presque un meurtre prémédité” . Alain Juppé en profite pour se planter trois fois sur les trois sujets qu’il aborde. Chacun - du PS à Bachelot2 “catastrophée” et Yade “ahurie”, par des “propos irresponsables” - profite d’une occasion rêvée de se créditer d’une bonne conscience à peu de frais, tout en validant leur propre monomanie pour la distribution de capotes.

Plutôt que d’en discuter, donc, on décrédibilise. Pensez-donc… Collons plutôt ça dans la série des gros tabous, des trucs que le gros bon sens commun, ou à tout le moins le sens commun bien-pensant, tient pour vrais, et refermons-là le débat, de peur qu’il implique une remise en question de nos comportements.

Il y a pourtant matière à s’interroger. Dire qu’une distribution de préservatifs ne règlera pas le problème du SIDA est d’une telle évidence que je ne m’y attarderai pas davantage. Alors, reprenons :

“Je dirais que l’on ne peut vaincre ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. S’il n’y a pas l’âme, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut résoudre ce fléau en distribuant des préservatifs : au contraire, cela risque d’augmenter le problème. On ne peut trouver la solution que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est à dire un renouveau spirituel et humain qui implique une nouvelle façon de se comporter l’un envers l’autre, et le second, une amitié vraie, surtout envers ceux qui souffrent, la disponibilité à être avec les malades, au prix aussi de sacrifices et de renoncements personnels.”3

Cette idée-là doit-elle choquer ? Mes lectures ont confirmé mon intuition : on est fondés à penser que la promotion du préservatif encourage les comportements à risque, et que psychologiquement, moralement, comme physiologiquement, le recours au préservatif ne saurait être valorisé comme il l’est aujourd’hui.

Le préservatif, un “mythe” de la lutte contre le SIDA ?

C’est que voilà, en fait, la capote, c’est bien, mais c’est une protection théorique. Et puis la capote c’est bien, mais ça favorise les comportements à risque.

La capote n’est pas fiable à 100%, et c’est tout de même emmerdant

Je ne suis pas sûr que cela vous amuse tous mais enfin, notez tout de même ce paradoxe : alors qu’on s’inquiète des OGM dont on ne connaît pas la dangerosité, alors que l’on démonte des antennes-relais dont on ignore la nocivité, nous avons là un produit dont chacun sait ou devrait savoir qu’il n’élimine pas les risques de contamination par une maladie mortelle… et l’on n’en dit trop rien.

Tenez, l’OMS a noté que « le calcul des taux de grossesse durant l’usage parfait des préservatifs, c’est-à-dire pour ceux qui reportent l’utilisation de la méthode exactement telle qu’il devrait être utilisé (de façon exacte), et à chaque acte de rapport sexuel (de façon régulière), est de 3% à 12 mois »4. Dans le cadre d’un usage dit typique, c’est-à-dire en conditions réelles, le taux de grossesse malgré l’usage d’un préservatif passe à 10 à 14%5.

Maintenant, mettez à ma droite un spermatozoïde et à ma gauche un virus du SIDA. Vous verrez que le second est 450 fois plus petit que le premier. Or, si le premier est capable de se frayer un chemin hors de son emballage plastique, que ne peut faire le second, tellement plus petit ? Ajoutez à cela qu’une femme n’est fertile que 5 à 8 jours dans le mois (en tenant compte de la durée de vie de mon premier dans la dame), alors que la contamination par le virus du SIDA peut intervenir à tout moment, et vous comprendrez qu’il deviendrait intéressant de calculer le taux de contamination malgré l’usage d’un préservatif.

Les standards américains de la FDA supposent que les fabricants de préservatifs testent leurs produits selon le taux suivant : si plus de 4 préservatifs pour mille ont des fuites, alors le lot entier est retiré6. 4 pour mille, ce n’est pas grand-chose, certes. Cela signifie toutefois que des lots sont potentiellement en circulation, avec une proportion de 4 préservatifs pour mille défectueux. Compte tenu de la production totale, cela finit par faire des chiffres dignes de susciter l’intérêt.

En 2000, quatre agences gouvernementales américaines, la US Agency for International Development (USAID), le Food and Drug Administration (FDA), les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) et le National Institute of Health (NIH) ont coordonné un atelier de recherche qui a débouché sur la publication d’un rapport, aka le Condom Report. Ce rapport a mis en évidence que l’utilisation du préservatif réduisait de 85% le risque de transmission du virus du SIDA. C’est bien, 85%. C’est moins bien lorsque vous êtes dans les 15% de pas-d’bol. Et surtout, qui savait qu’il restait un taux d’échec ne réduit le risque que de 185% ? Combien de jeunes sont convaincus que le préservatif offre une protection totale ? Combien se sentent si responsables, parce qu’ils sont “sortis couverts”, qu’ils ont “pris leurs précautions” ? Et quels efforts fournit-on pour les informer de la réalité du risque ?

Est-ce à dire que l’on serait mieux protégés en ne les utilisant pas ? Non, évidemment, et ce n’est pas ce que dit le Pape. Son propos est bien davantage de dire que la promotion du préservatif n’est pas une solution, alors pourtant qu’elle est bien souvent - et notamment en France - l’unique message à destination du public.

La promotion de la capote est un comportement à risque

Au-delà, le Pape a affirmé que “la distribution de préservatifs (…) risque d’augmenter le problème”.READ MY LIPS, comme on dit dans les films américains : la distribution de préservatifs risque d’augmenter le problème. Comme le dit Eolas, par un étrange phénomène, cette phrase est devenue en substance : mettre une capote vous expose au SIDA, mettre une capote aggrave le problème. Et tous nos gais lurons précédemment cités de s’exclamer de concert, et d’en rajouter sur l’irresponsabilité des propos tenus.

Maintenant, si l’on accepte de regarder un peu plus loin que le bout de sa… capote (16 cm en moyenne, ce qui ne représente donc pas un effort démesuré, pour qui veut voir loin), il s’avère possible que la politique monomaniaque de promotion du préservatif aggrave l’épidémie de SIDA. Oh bien sûr, à l’échelle d’un rapport et d’un individu, et sous les réserves précédemment exposées, le préservatif est intéressant mais à long terme, cette politique pourrait finalement être considérée comme responsable de la persistance, voire de la propagation, de l’épidémie. De là à qualifier les promoteurs de la capote de criminels contre l’humanité, il y a un pas que nous ne franchirons pas, parce qu’on n’est pas comme ça, nous.

Tenez : The Lancet est une revue mondialement reconnue en médecine, et notamment dans les maladies infectieuses. Le 1er décembre 2007, Monsieur James D. Shelton, du Bureau for Global Health, US Agency for International Development, y publie un article, intitulé “Ten myths and one truth about generalized HIV epidemics“.

Parmi les mythes retenus - et qui méritent tous l’attention - on trouve celui-ci :

Le préservatif est la solution - L’usage du préservatif, spécialement par les travailleurs du sexe, est déterminant pour cloisonner des épidémies concentrées, et les préservatifs aident à protéger certaines personnes. Mais le préservatif a un impact limité sur les épidémies généralisées. Nombre de personnes n’aiment pas les utiliser (particulièrement dans les relations régulières), la protection est imparfaite, l’usage est souvent irrégulier, et le préservatif semble favoriser la désinhibition, par laquelle les personnes s’engage dans des rapports sexuels risqués, que ce soit avec des préservatifs ou avec l’intention d’en utiliser.”7

Un peu plus loin, James D. Shelton écrit ceci :

“Sincèrement, notre priorité devrait porter sur le facteur clé des épidémies généralisées : les relations concomitantes. Bien que nombre de personnes comprennent que la multiplicité des partenaires sexuels est risqué, elles ne réalisent pas le risque spécifique des relations concomitantes. En effet, l’appréciation technique de leur rôle est récent. Mais la limitation du nombre de partenaire a également été négligée en raison des guerres culturelles entre les avocats du préservatif et les avocats de l’abstinence, parce que cela sent la morale, parce que les changements massifs de comportement sont étrangers aux professions médicales, et en raison de la concurrence entre les priorités des programmes de lutte contre le SIDA.”8

On me disait qu’il fallait prendre les comportements sexuels tels qu’ils sont, pas tels que l’on voudrait qu’ils soient. Précisément, outre la différence entre l’usage parfait et l’usage typique du préservatif mentionné plus haut, il faut prendre les populations telles qu’elles sont.

Or, précisément, il me paraît assez sensé de penser que l’usage du préservatif conduit à une désinhibition de ceux qui se croient protégés. Ce type de campagnes est susceptible de les maintenir dans des pratiques sexuelles à risque conduisant un jour ou l’autre à une infection, soit en raison de la protection relative qu’offre le préservatif, soit en raison de conditions pratiques (commencer le tacatac sans le préservatif ou l’enlever durant le rapport, ne pas tenir le préservatif lors du retrait, ne pas le retirer alors que le pénis est en érection, réutiliser le préservatif, ne pas vouloir utiliser un préservatif avec son épouse qui pourrait s’interroger sur les raisons de ce soudain besoin de “protection”) qui conduiront à une infection.

On dispose de peu d’exemples de tests à grande échelle entre les politiques de promotion du préservatif, et les politiques de promotion de la fidélité et de l’abstinence ou de la chasteté. Il existe toutefois un exemple : l’Ouganda.

En Ouganda, vers 1990, l’épidémie était à son pic maximum, touchant 20% de la population. En 2006, le SIDA ne touchait plus que 6 à 7% de la population. Parce qu’ils ont encouragé la distribution de préservatifs partout où ils voyaient des jeunes ? Non, en s’efforçant d’obtenir un changement des comportements. L’Ouganda a mis en place un programme dit ABC (Abstain, Be faithful and if you must use Condoms).

Le but était de mettre en place une politique qui évite le risque, et non pas une politique qui leréduise. Le fait est que 93% de la population a changé de comportement. Le docteur Angelina Kakooza-Mwesige en témoigne. Interrogée sur la responsabilité de l’Eglise catholique dans la diffusion de l’épidémie de SIDA, elle explique aussi la chose suivante :

“La vérité est que l’abstinence est la seule véritable protection contre le sida. Ce n’est pas seulement une méthode de réduction des risques mais une méthode à 100% préventive. L’Eglise prescrit l’abstinence avant le mariage et la fidélité mutuelle pendant le mariage. Des personnes mal informées ont tendance à imputer l’accroissement du nombre de cas de SIDA à l’interdiction de l’usage du préservatif par l’Eglise, mais ce sont les comportements individuels qui sont responsables. Un faux sentiment de sécurité vient souvent avec la protection supposée du préservatif, donnant aux personnes la liberté d’avoir des partenaires multiples et, donc, d’alimenter la diffusion de l’épidémie”9

Le docteur Kakooza-Mwesige critique aussi le modèle occidental, qui se diffuse. C’est un peu ce que dit le président du Burkina-Faso, Blaise Compaoré : “En Europe, vous avez peut-être le loisir de faire des thèses pour ou contre la morale. Au Burkina, nous n’avons pas le temps (…) Certains critiquent la position de l’Eglise en prétendant défendre les Africains. Soit. Mais la plupart n’ont jamais mis les pieds chez nous !”

Dans un article intitulé “Aids and the Churches : getting the story right“, Edward C. Green, directeur du Projet de Recherche sur la Prévention du Sida au Centre pour les Etudes de la Population et du développement d’Harvard note les faits :

“Dans chacun des pays d’Afrique dans lequel les infections ont décliné, ce déclin a été associé avec une diminution de la proportion d’hommes et de femmes déclarant avoir eu plus d’un partenaire sexuel dans l’année - ce qui est exactement ce que promeuvent les programmes de fidélité. On ne trouve pas un même rapport entre le déclin du nombre d’infections, la diffusion des tests de dépistage, le traitement des infections sexuellement transmissibles curables, la fourniture de médicaments antirétroviraux, ou tout autre intervention ou comportement. L’autre comportement qui est souvent associé à un déclin de la prévalence du HIV est la diminution des rapports sexuels avant le mariage entre les jeunes.”10

Sa conclusion est la suivante, dans un joli renversement de perspective :

“Ce que les Eglises sont appelées à faire pour des raisons théologiques s’avèrent être ce qui marche dans la prévention du SIDA”11

Il pose enfin une question centrale, que je pose aussi : “Il conviendrait de se demander si nous sommes plus soucieux de promouvoir la notion occidentale de liberté sexuelle… ou de sauver des vies12.

Assurément, cette question se pose. Car il y a tout lieu d’être interpellé par le refus manifeste de promouvoir la fidélité et, sinon l’abstinence, du moins la chasteté. Un seul message doit passer : sortez couverts. Au fond, on s’investit dans la préservation de notre liberté fondamentale d’avoir plusieurs partenaires sexuels (ou d’imaginer que ce pourrait être le cas) et l’on répugne à délivrer un message différent en Afrique, de crainte que cela puisse également appeler un changement de comportement dans nos sociétés occidentales érotomanes.

In fine, on pourrait en venir à poser cette question : les politiques de promotion du préservatif ne sont-elles pas… “presque criminelles” ?

L’Eglise catholique, auprès des malades du SIDA

Le Pape a également fait la promotion d’”une amitié vraie, surtout envers ceux qui souffrent, la disponibilité à être avec les malades, au prix aussi de sacrifices et de renoncements personnels”. Il y en a eu pour mettre la chose en doute…

Alors, on rappellera quelques faits à ceux qui n’ont guère fait plus pour la prévention du SIDA que de disposer des capotes dans un panier en osier, mais qui se permettent de donner des leçons à l’Eglise.

Selon le Conseil Pontifical pour la Santé,26,7% des centres qui se consacrent au traitement du SIDA dans le monde sont catholiques.

Les communautés catholiques ont été parmi les premières à agir. Ainsi, en Jamaïque, les congrégations religieuses ont créé des centres de soins palliatifs pour les malades du SIDA dès le milieu des années 80. Le premier hôpital pour les malades du SIDA à New York a été créé par Mère Teresa en 1985.

Le 2 juin 2006, le Cardinal Barragan est intervenu devant l’assemblée Générale des Nations Unies. Il a précisé la chose suivante :

“La Caritas internationale oeuvre dans 102 pays. Les réponses à une enquête réalisée par le Saint-Siège témoignent d’actions contre la pandémie menées dans 62 pays: 28 en Afrique, 9 en Amérique, 6 en Asie, 6 en Europe et 3 en Océanie. En plus du personnel local (religieux et laïc), on constate dans ce secteur la présence de Congrégations et d’Associations internationales telles que (1) l’Oeuvre Saint-Vincent, (2) la Caritas internationale, (3) la Communauté de Sant’Egidio, (4) les Camilliens, (5) les “Juanitos”, (6) les Jésuites, (7) les religieuses de Mère Teresa, (8) l’Hôpital Bambino Gesù du Saint-Siège et les (9) pharmaciens catholiques.”

En Inde, les associations catholiques CARITAS et Catholic Relief Services ont ouvert en collaboration avce le diocèse une maison d’accueil des malades du SIDA (Etat d’Orissa). EnBirmanie, l’Eglise a mis en place un service social dédié aux malades du SIDA. Aux Etats Unis, un réseau de soutien et d’entraide catholique et mis en place pour soutenir morlament et spirituellement les gens souffrant du SIDA, le National Catholic AIDS Network. Une association canadienne est particulièrement spécialisée dans le soutien et le combat contre la maladie en Namibie.

En France, on peut citer l’action de Denis Ledogar, prêtre assomptionniste aux côtés des malades du SIDA en fin de vie. On peut citer aussi l’action de Marie de Hennezel (laïque), qui accompagnait les malades du Sida en phase terminale dès 1990-92 à l’Hôpital Notre-Dame-du-Bon-Secours.

Mais si Christophe Dechavanne et Roselyne Bachelot disent que les propos du Pape sont irresponsables…

*

Vous l’aurez compris… On ne peut résoudre ce fléau en distribuant des préservatifs : au contraire, cela risque d’augmenter le problème. Mais, pour être tout à fait franc, n’étant pas scientifique ni médecin, ni informé comme peut l’être le Pape, je m’abstiendrai d’être trop catégorique. Simplement, je pose la question : est-il vraiment tabou de s’interroger sur la pertinence d’une politique de lutte contre le SIDA qui ne fait guère la preuve de son succès, depuis une vingtaine d’années qu’elle est appliquée de façon quasi-exclusive ? Cette position méritait-elle le tombereau d’infâmies déversé sur le Pape depuis hier ? Faut-il invoquer ici aussi la bonne théorie girardienne du bouc émissaire ?

Le Pape a parlé du préservatif. Devait-il esquiver la question ? Allant en Afrique, pouvait-il faire autrement ? Dans notre pays, chacun a su exploiter la chance inespérée de communier dans une bonne-consciencitude collective. Maintenant que c’est fait, je suis d’avis, avec Isabelle de Gaulmyn, que l’Afrique mérite mieux.

*

Remerciements et infos diverses : merci tout particulièrement à Philarête, de L’esprit de l’escalier, pour l’ensemble des informations qu’il m’a fournies. Merci aussi à Nicolas S. (non, l’autre). Merci au Chafouin, aussi.Allez lire son billet. Merci à Nicolas B. pour le titre ! Pourquoi un trèfle dans la capote ? Non que j’espère qu’il me porte chance, il n’a que trois feuilles. Mais le Pape s’est exprimé le jour de la Saint-Patrick. Il est 00:33, je vais me coucher, je me relirai plus tard. Soyez indulgents entretemps.
*

Notes

  1. sorry, Laurent, mais ça me gonflait d’écumer les commentaires décérébrés de Libération et du Figaro
  2. il faut dire aussi qu’elle promettait, l’an dernier, “une pluie de préservatifs” pour la fête de la musique
  3. source le Vatican, via La Croix
  4. OMS, Effectiveness of Male Latex Condoms in Protecting against Pregnancy and Sexually Transmitted Infections, in Information Fact Sheet n. 243, juin 2000.
  5. même source
  6. Mike Kubic, New Ways to Prevent and and Treat AIDS, in FDA Consumer, janvier-février 1997
  7. Condoms are the answer—Condom use, especially by sex workers, is crucial to the containment of concentrated epidemics, and condoms help to protect some individuals. But condoms alone have limited impact in generalised epidemics. Many people dislike using them (especially in regular relationships), protection is imperfect, use is often irregular, and condoms seem to foster disinhibition, in which people engage in risky sex either with condoms or with the intention of using condoms.”
  8. “Truthfully, our priority must be on the key driver of generalised epidemics—concurrent partnerships. Although many people sense that multiple partners are risky, they do not realise the particular risk of concurrent partnerships. Indeed, technical appreciation of their role is recent. But partner limitation has also been neglected because of the culture wars between advocates of condoms and advocates of abstinence, because it smacks of moralising, because mass behavioural change is alien to most medical professionals, and because of the competing priorities of HIV programmes.”
  9. “The truth of the matter is that abstinence is the only real protection against HIV/AIDS. It is not merely a risk reduction method but it is 100 per cent risk preventive. The Church prescribes abstinence before marriage and mutually faithful sexual relations within marriage. Misinformed people tend to blame the increase in the number of HIV cases on the Church’s ban on condom use, but it is people’s individual behaviour that’s to blame. A false sense of security often comes with the “trusted” protection of the condom, giving people the liberty to have multiple partners and hence fuelling spread of the epidemic.”
  10. “In every African country in which HIV infections have declined, this decline has been associated with a decrease in the proportion of men and women reporting more than one sex partner over the course of a year—which is exactly what fidelity programs promote. The same association with HIV decline cannot be said for condom use, coverage of HIV testing, treatment for curable sexually transmitted infections, provision of antiretroviral drugs, or any other intervention or behavior. The other behavior that has often been associated with a decline in HIV prevalence is a decrease in premarital sex among young people”.
  11. “What the churches are called to do by their theology turns out to be what works best in AIDS prevention”
  12. One must ask whether they are more concerned with upholding a Western notion of sexual freedom or with saving lives.
grand merci a Koztoujours!