Le ministre français de la Défense, Madame Michèle Alliot-Marie, a relaté hier devant les députés une "catastrophe évitée de justesse par nos militaires" – ce sont les mots qu’elle a utilisés - qui nous aurait fait passer "à deux secondes", le 31 octobre dernier, d’un échange de feu entre le contingent français et l’armée israélienne.
Selon le ministre, "des (chasseurs-bombardiers israéliens. Ndlr) F-15 se sont présentés en piqué puis redressement immédiat, ce qui est, d’une façon extrêmement claire, une posture d’attaque". Madame Alliot-Marie a poursuivi, devant les parlementaires, sa narration circonstanciée de ce fait de presque-guerre avec Israël dans des termes presque-militaires : "Nous avons été amenés, dans le cadre de la légitime défense, à enlever les caches de nos batteries de missiles et, à deux secondes près, il y avait un tir contre les avions qui menaçaient directement nos forces".
Madame Alliot-Marie a ensuite tiré des conclusions opérationnelles très énergiques de cet incident : "Ceci n'est pas tolérable. Nous sommes effectivement, là, dans le risque d'un incident extrêmement grave. Nos militaires se trouvent, dans ces conditions, dans les règles où ils doivent appliquer les tirs de légitime défense".
La situation qu’elle a décrite au Palais Bourbon procède effectivement de la "légitime défense", comme le ministre n’a pas manqué de le mentionner dans son intervention. C’est important, car la manœuvre des avions israéliens qu’elle a révélée donne le droit aux militaires tricolores de faire usage de leurs armes, ce, en application du mandat qui leur a été confié par le Conseil de Sécurité. Cette autorisation de faire feu n’est cependant pas applicable lorsque les appareils de la Khel Avir (l’Armée de l’Air israélienne) se contentent de survoler le territoire libanais. Même si ces vols vont à l’encontre des dispositions de la résolution 1701.
La première chose qui a surpris les analystes de la Ména, lorsqu’ils ont pris connaissance, ce matin, du contenu de ce passage du discours de Madame Alliot-Marie, c’est qu’elle avait prévu une situation de ce type le 20 octobre déjà. Elle s’exprimait alors devant les journalistes, dans l’enceinte du complexe de l’ONU à Manhattan. C’est à croire qu’elle avait eu une prémonition, puisqu’elle avait souligné la dangerosité des circonvolutions des jets israéliens dans l’éther libanais : "Elles sont dangereuses", avait prévenu Alliot-Marie, "d'abord parce qu'elles pourraient être interprétées comme hostiles par les forces de la coalition, qui pourraient être amenées à riposter dans des cas de légitime défense, et il s'agirait d'un incident très sérieux".
Et sur le caractère extrêmement préoccupant d’une confrontation armée entre deux puissances nucléaires, comme le sont la France et Israël, madame le ministre a indéniablement raison. Dès les premières déclarations des officiers français, qui avaient menacé leurs vis-à-vis israéliens lors de leurs rencontres périodiques, notre agence avait souligné en rouge l’étendue de ce risque, en publiant un article intitulé "La France fabrique un réel danger de confrontation armée avec Tsahal". Encore était-ce deux jours avant la menace du général français de la FINUL, Alain Pellegrini, aux termes de laquelle "(…) l’emploi de la force pourrait être envisagé dans l’avenir, si les tractations diplomatiques ne parvenaient pas à empêcher les incursions". C’était trois jours avant l’intervention d’Alliot-Marie à New York et celle du président Chirac, un peu plus tard. Nous avions tiré la sonnette d’alarme bien avant que le gouvernement français ne s’empare du dossier.
Depuis la déclaration d’hier, la légèreté de la démarche dudit gouvernement nous interdit. Car voilà… au fait… l’incident retracé, dans le détail, par le ministre français n’a jamais eu lieu !
Interpellée par notre agence, l’Armée de l’Air israélienne nous a immédiatement fait tenir cette double annonce : A) Nous n’avons aucune trace de l’incident (relaté par Alliot-Marie) dans nos Logs (rapports de vols). B) Nos appareils interviennent au Liban pour y effectuer uniquement des vols de reconnaissance (à haute altitude. Ndlr) et ne se livrent pas au genre de missions décrites par le gouvernement français (missions d’attaques au sol).
Comme cette mise au point provenait de la branche aérienne de l’armée d’une nation qui, selon les media et agence de l’Hexagone, passe le plus clair de son temps à prendre du plaisir humilier ses voisins, à assassiner ses enfants et à manipuler l’opinion internationale, nous avons pris les devants et appelé nos contacts, au sein même des forces de l’ONU, à Naqura, au Liban voisin.
C’est là que cela se gâte pour Madame le ministre… J’ai parlé personnellement durant près de deux heures avec les responsables de la communication de la FINUL, ainsi qu’avec des officiers supérieurs de ce contingent, y compris des Français. Tous sont en état de choc absolu : ils n’ont jamais entendu parler de l’acte de guerre décortiqué par le ministre de la Défense devant l’Assemblée nationale. Pas plus le 31 octobre qu’à aucune autre date. Cet incident n’a pas eu lieu, et je peux ajouter que les affirmations intempestives de leur ministre de tutelle crée un malaise certain auprès du contingent français, de même qu’entre icelui et ceux de certaines autres nations dont les soldats sont présents au Sud-Liban. "Personne qui ait la tête sur ses épaules ne devrait lancer des accusations infondées de ce type, lorsque nous faisons face à une armée de la puissance de Tsahal", ai-je entendu dire, "la coopération avec les Israéliens est parfaite, efficace et franche", a conclu le même interlocuteur, "sans problèmes !".
Nous cachons les noms des intervenants afin de ne pas leur créer de problèmes, ce qui n’est ni notre but ni notre vocation. Il va de soi, cependant, que si l’Etat français persistait dans sa version des faits, nous pourrions décider de citer nos sources. Car, de plus, les responsables des relations de la FINUL avec la presse nous ont répété plusieurs fois, et avec force "que le mandat qui régit leur intervention n’autorise pas les Français à tirer sur les appareils israéliens".
Alors, que cherche le gouvernement français en diffusant ces dangereuses affabulations ? La confrontation militaire avec l’Etat hébreu ? Pour quoi faire ?
Il n’existe pas de réponse sensée à ces questions. Ce qui nous amène à envisager sérieusement un "dérèglement" fonctionnel du chef de l’Etat français, doublé d’une fixation quasi hystérique contre les Israéliens et, peut-être, d’un agrégat avec les Israélites. Cette confidence d’un officiel canadien, présent récemment au Sommet de la Francophonie, qui s’est tenu à Bucarest, tendrait à l’envisager : la France y avait proposé que la Francophonie émette un communiqué pour exprimer sa solidarité avec les victimes civiles libanaises de la dernière guerre. Le ministre canadien, surpris, intervint alors pour rappeler que cette confrontation avait également fait un grand nombre de victimes civiles de l’autre côté de la frontière. De discussions animées en désaccords avec M. Chirac, qui ne démordait pas de son idée initiale, faute de pouvoir se mettre d’accord, on se décida à diffuser un avis insipide qui faisait la critique de la guerre.
Mais suite à cette altercation, le président français s’est mis à parler sans cesse du voyage qu’il prévoyait d’effectuer au Québec. Le ministre d’Ottawa lui fit courtoisement remarquer que la Belle province faisait partie intégrante d’un pays qui se nomme le Canada, et qu’il était peut-être plus élégant de faire état d’une visite prochaine dans cet Etat. Le pensionnaire de l’Elysée, en fin de bail, fit la sourde oreille et se mit, de plus belle, à évoquer son futur périple au Québec…
A la frontière israélienne, il s’agit de bien plus que d’une passe d’arme sémantique. Nous fûmes les premiers, alors que les canons du conflit libanais ne s’étaient pas encore tus, à évoquer le risque disproportionné représenté à nos yeux par la proximité immédiate de militaires français et israéliens, vu l’état de l’hostilité déclarée du gouvernement tricolore à l’encontre d’Israël. Aujourd’hui nous disons qu’il faut sérieusement penser à remplacer le contingent français par des soldats d’une nation à la politique moins partiale. Rapidement, avant que les pertes de contrôle du genre de celles de Madame Alliot-Marie ne nous fassent basculer dans une confrontation périlleuse et totalement inutile ! Si Sarkozy est élu, il sera toujours temps de redéployer l’armée française – et ses excellents éléments – face à Metula. Mais qui sait, c’est peut-être cette vision, pour lui apocalyptique, d’un remplaçant métèque qui met Jacques Chirac et ses rares clones restants dans un état pareil…
© Metula News Agency
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