Tuesday, February 19, 2008

Erdogan & Kosovo


Voilà, c'est dit, confirmé et maintenu.
Plus d'excuses.
Pas de retour en arrière possible.
Crime contre l'humanité, ce nécessaire travail de compréhension des valeurs du pays hôte ?Crime contre l'humanité, cette nécessaire adoption des coutumes du pays d'accueil ?
Crime contre l'humanité, cette nécessaire ouverture qu'impose l'intégration ?
On croit avoir mal entendu.
Le crime contre l'humanité désigne généralement un génocide d'une ampleur telle qu'il dépasse toute raison, toute discussion.
C'est la mort industrialisée, l'horreur absolue.
Mais non, rien de tout cela, pour Erdogan, l'assimilation, à savoir l'intégration, jusqu'au point de changer de culture, serait un crime contre l'humanité, serait un crime de cette ampleur ?Appliqué à la France, dont le modèle a toujours été celui de l'intégration républicaine par l'école et le travail, la sentence laisse songeur.
Alors que les bobos insultent, à la moindre occasion, les nationalistes de tout poil, le franc-parler du premier ministre turc a le mérite de les remettre à leur place.
Si certains pays anciennement colonisés par les occidentaux ne se privent pas d'exhiber une légitime fierté, seul l'homme blanc occidental chrétien n'a pas le droit de faire de même.
Mieux, en faire étalage serait obscène, vulgaire, digne des stades de foot, où l'hymne n'aurait pas encore été copieusement sifflé.
Et dans le même temps, l'indépendance du Kosovo, voulue, désirée et mise en place par les Américains, est faite. Si, sur tous les sujets ou presque, que ce soit la guerre en Irak (oui, j'assume) ou le conflit israelo-palestinien, j'ai tendance à prendre parti pour nos amis américains,
cette décision n'est rien de moins qu'une trahison.
Une honte, et ce n'est pas parce que Milosevic était une crapule que cette décision est pour autant légitime.
Les Américains jouent cyniquement leur jeu, les Européens sont infoutus de défendre leur histoire, et la province du Kosovo, province serbe peuplée majoritairement de musulmans, bien que racine historique d'un pays européen, fait sécession.
C'est la logique du suffrage universel poussée à son paroxysme, la négation de l'histoire, le refus des coutumes, du passé de la province, toutes orientées vers la Serbie.
Pour preuve, les kosovars, afin de faire valoir leurs droits, sont obligés de remonter au VIe siècle pour justifier cette indépendance.
Autant que la France fasse un procès à l'Italie pour la Guerre des Gaules.
Le reste est d'une logique imparable.
Une démographie plus forte que les serbes, une immigration en provenance d'Albanie, sans que la Serbie puisse contrôler quoique ce soit, et le pragmatisme américain a fait le reste.
Alors, même si je ne remets pas en cause la nécessité d'un gendarme mondial, l'amende est tout de même chère payée.
Pour une fois, au niveau européen, l'unanimité n'est pas rassemblée.
A cet égard, significative est la réaction de tous les pays touchés de près ou de loin par le séparatisme.
L'Espagne, la Roumanie, la Grèce, la Slovaquie et Chypre n'envisagent pas de reconnaitre le nouveau pays.
Trop peur de donner des idées à ceux que la vision du drapeau ou l'écoute d'un hymne national fait vomir.
Encore plus fort.
L'Indonésie elle-même, premier pays musulman de la planète, ne souhaite pas reconnaitre le Kosovo, de peur d'encourager les séparatistes dans toutes les iles indonésiennes.
Ils ont beau être des frères dans la foi, ils ne sont pas fous, ils ne vont pas se tirer une balle dans le pied.
Même si certaines bonnes âmes m'objecteront que ces deux faits n'ont rien à voir, ce qui est vrai, je trouve tout de même symptomatique qu'au moment où la province du Kosovo prend son indépendance, le premier ministre d'un des pays apportant le plus d'immigration à l'Europe s'exclame que l'intégration est inenvisageable, mieux, elle est "un crime contre l'humanité".
Comment ne pas rapprocher ces deux faits ?
Comment ne pas y voir le destin de certains pays d'Europe à plus ou moins longue échéance ?
Et surtout, quelle belle claque Erdogan n'administre-t-il pas aux bobos de tous les pays, pétris d'humanisme et de vivre-ensemble ?
Tous ces bobos ne voient-ils pas que cet impératif de l'intégration, cette violence de l'assimilation est nécessaire pour éviter des partitions de Kosovos ?
Et il y en a encore qui sont pour l'entrée de la Turquie en Europe ?
Universalité des droits de l'homme ?
Rien à foutre, nous dit Erdogan.
Bon sentiments, intégration, humanisme, accueil, ouverture ?
Rien à carrer, renchérit-il.
Mieux, pourrait continuer, à la fin c'est nous qui l'emportons, puisque les Américains, l'UE et l'OTAN sont là pour nous garantir nos droits à l'indépendance.
Propos qui ne sont pas sans rappeler les appels incessants à la repentance de la part d'un Bouteflika, les rengaines plus ou moins extrémistes des chanteurs de rap, dont il serait trop facile de donner des exemples, ou encore la prophétie d'un Boumedienne.
L'assimilation, donc, est un crime contre l'humanité.
Quelqu'un a demandé leur avis aux Kurdes ou aux Arméniens, qu'on rigole ?
Via abimopectore

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