Un homme de gauche ne prend jamais la parole où la plume pour défendre des idées, mais le principe selon lequel il n’est pas légitime d’en avoir une autre.
Si par extraordinaire il est plus ouvert et plus tolérant que ses semblables, il est prêt à débattre… Sur la légitimité ou non de son adversaire à exprimer les siennes, en dépit de leur intrinsèque illégitimité.
Comme l’homme de gauche n’a pas les moyens de sa conviction cardinale dans une démocratie libérale, il est parfois contraint de rencontrer et d’échanger des mots avec ses adversaires, mais on aurait tort d’en conclure qu’il lui arrive de débattre avec lui.
Dans le fond, le gauche est un homme sans conviction, ou plus exactement d’une conviction, celle selon laquelle le monde ne sera pas en paix avant d’avoir dépassé le stade des convictions et des disputes…. C’est l’adepte d’une religion de paix, lui aussi.
Un homme de gauche n’adopte jamais un point de vue parce qu’il le croit meilleur qu’un autre, mais parce qu’il juge qu’il y a matière à le présenter comme définitif et incontestable, que le défendre peut aider à faire accéder l’humanité au stade de la postdispute.
Prenons exemple le plus emblématique en la matière: Jean-Paul Sartre n’a jamais eu la moindre controverse avec Raymond Aron et ne l’a jamais traité en adversaire, mais en obstacle.
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